La réhabilitation d’une cité d’habitations sociales « La cité du Centenaire » comprenait, dans sa situation d’origine, 7 immeubles identiques de 4 niveaux implantés de manière répétitive ainsi que 2 batteries de 15 garages.
    L’intervention avait pour objectif :
    • La démolition des 30 garages et d’un immeuble de 12 logements ;
    • La rénovation énergétique de 6 immeubles, soit 72 logements ;
    • La construction d’un immeuble de 12 appartements sur la partie de terrain rendue libre après démolition des garages ;
    • L’aménagement des abords.
    Les principes mis en œuvre sont les suivants :
    • Favoriser les modes de déplacement doux en réduisant la pression engendrée par la présence de l’automobile,
    • Réduire les charges énergétiques des locataires en privilégiant la conception passive des logements tant en réhabilitation qu’en nouvelle construction,
    • Privilégier le caractère adaptable des nouveaux logements et leur accessibilité,
    • Minimiser l’empreinte environnementale des interventions et du fonctionnement des logements, Encourager les relations sociales dans le quartier,
    • Chantier pilote en matière de gestion des déchets de construction,
    • Végétalisation des espaces communs,
    • Intégration d’une intervention artistique.
    Ce projet dépasse la « simple » rénovation de logements mais s’inscrit dans une refonte globale du quartier afin de le requalifier.
    Les principes mis en œuvre pour l’élaboration de ce projet s’articulent sur les trois piliers développement durable : Aspect environnemental, économique et sociale.

    Description du projet

    Aspect environnemental
    • L’ECOMOBILITE
    La cité du Centenaire se situe au cœur d’une zone urbaine bien desservie par les transports en commun (lignes de bus et métro), proche d’équipements collectifs (crèches, écoles, hôpitaux,…), de commerces et services, base nécessaire pour projeter une cité dans le durable.
    Afin de diminuer la pression automobile sur le site, les modes de déplacement doux sont favorisés et les abords sont traités en conséquence, tant pour les piétons que pour les cyclistes. Les chemins piétons relient le site aux différents réseaux pédestres existants et des équipements spécifiques pour les vélos sont prévus.
    • L’UTILISATION RATIONNELLE DU TERRITOIRE
    En plus de la réhabilitation des 68 logements et la construction d’un immeuble de 12 appartements sur pilotis, 2 nouveaux immeubles de 6 logements densifieront le site. Ils rempliront les « dents creuses » en comblant les espaces vides le long de l’Avenue du Centenaire pour assurer la continuité du front bâti actuellement brisée. La densité passe de 84 logements/ha à 96 logements/ha.
    • LE TRAITEMENT DES DECHETS
    Les produits de démolition ont été valorisés par réemploi et recyclage, après assainissement des bâtiments par démontage de tous les éléments en amiante qui ont été évacués, conformément à la législation, vers un centre de tri agréé :
    • pour le démantèlement avant transformation de 2 immeubles : sur 20 tonnes de produits de démolition, une tonne a été réutilisée telle quelle (chaudières et radiateurs), 17 tonnes ont été entièrement recyclées (bois, métaux) et seulement 2 tonnes ont été considérées comme rebuts et traitées en centre de tri agréé.
    • lors de la démolition de l’immeuble (n° 123), la plupart des matériaux ont été recyclés : les gravats ont été utilisés pour remblayer les caves ; les soubassements en pierre bleue ont été soigneusement démontés et réutilisés sur le pignon de l’immeuble resté nu après démolition ainsi que pour paver la future place à réaliser au droit de l’immeuble démoli ; les panneaux en briques de verre des baies du sous-sol en soubassement ont été soigneusement démontés et récupérés pour remplacer ceux dégradés dans les bâtiments rénovés.
    • LE RESPECT DE LA NATURE, L’EAU ET LA BIODIVERSITE
    Les zones de parkings recouvertes de tarmac, situées à l’avant des immeubles existants ont été démolies au profit d’espaces végétalisés qui constituent des espaces verts communs. L’ensemble des parkings sont réunis à proximité et sous le nouveau bâtiment sur pilotis afin de limiter l’emprise de la voiture (peu utilisée par les habitants) dans la cité. Le revêtement des abords et des voiries favorise la perméabilité. Le choix des plantations privilégie les espèces indigènes afin de contribuer au développement de la biodiversité locale. Des plantes grimpantes recouvrent les cheminées existantes conservées et les pergolas des parkings au périmètre du nouveau bâtiment. Les eaux de pluie sont collectées et amenées à une citerne d’eau de pluie collective qui servira pour l’entretien des abords et restera à disposition de tous les locataires (lavage des voitures, des vélos, arrosage du jardin collectif,…) par l’utilisation d’une pompe manuelle.
    • UTILISATION RATIONNELLE DE L’ENERGIE
    Les logements du nouvel immeuble certifiés passifs, conçus suivant les principes bioclimatiques et la rénovation des immeubles conservés suivant le concept passif, permettent de diminuer la consommation en énergie primaire des logements tant neufs que rénovés. L’impact relatif à l’utilisation des bâtiments sera limité en termes d’émission de CO2. Pour l’ensemble des travaux et dans la mesure du possible, le choix de matériaux recyclables (châssis bois avec capot alu amovible, isolation extérieure appliquée, bardage en laine minérale comprimée de haute résistance,…) ou de matériaux peu émissifs (matériaux de construction sans formaldéhyde, plâtre à base de gypse naturel…) ont été privilégiés.

      Aspect social
      • CADRE DE VIE
      L’aménagement des abords (place, jardin pédagogique et jardins partagés, locaux communs pour le tri sélectif …) est conçu de manière à privilégier des espaces de rencontre, à favoriser les contacts entre les habitants et à augmenter la cohésion sociale. L’espace couvert sous pilotis, situé sous le nouveau bâtiment passif, pourra être utilisé pour l’organisation d’activités diverses et de loisirs (fête des quartiers, brocante…).
      La voirie située entre les immeubles 125/127 et 129/131 est fermée à la circulation, ce qui permet de la transformer en un lieu de convivialité sécurisé pour les jeux d’enfants et à vocation multiple pour l’ensemble du quartier (brocante, fête de quartier, animation diverses,…). Elle restera accessible aux services d’urgences (pompiers, ambulances, police,…) et pour les déménagements.
      Au bout de celle-ci, est aménagé un espace de jeux, de part et d’autre de l’escalier qui est rénové. Les talus sont réaménagés en gradins en remplacement des murets abimés et constituent un lieu d’attraction, par leur position et leur ensoleillement. Une assise en bois sera posée sur les premiers gradins pour permettre de se poser et de se détendre.
      Le confort des habitants est amélioré par l’augmentation de la surface habitable des logements existants. La surface des balcons existants est ajoutée au séjour ainsi que la cuisine par la démolition de la cloison séparative, pour constituer un seul et vaste espace de vie. Des nouveaux balcons sur structure indépendante et des espaces de rangement sont aménagés. Après rénovation, les cuisines sont équipées de l’eau chaude. Le caractère passif et très basse énergie améliore considérablement le confort tant d’hiver que d’été et a un impact favorable sur le budget des habitants par l’importante réduction des charges de chauffage, ce qui contribue à augmenter leur pouvoir d’achat et les aide à mieux assumer le paiement des loyers.
      La sobriété de l’expression architecturale et artistique proposée par l’emploi d’un vocabulaire clair visant l’efficacité par un choix équilibré de matériaux, sélectionnés avant tout pour leurs performances environnementales tout en alliant un caractère esthétique du lieu permet de requalifier les immeubles. Cela permet de briser leur caractère répétitif et l’image négative qu’elle engendre afin d’augmenter l’aspect résidentiel par la personnalisation des immeubles. Le traitement des abords est étudié de manière à réduire la pression automobile et à privilégier les modes de déplacement doux par des cheminements au travers d’espaces verts diversifiés, ce qui contribue à l’amélioration du cadre de vie.
      • MIXITE SOCIALE
      Après rénovation, la cité présente une gamme de logements publics diversifiés de type « social » et « moyen » (d’équilibre ou d’intégration), comprenant de 1 à 3 chambres pour chaque type. De plus, les 12 logements du nouveau bâtiment passif sont adaptables. Cela permettra de renforcer la mixité générationnelle en maintenant sur le site et dans le quartier des locataires en perte de mobilité.
      • QUALITE DE L’AIR AMBIANT ET SANTE
      Tant pour les opérations de rénovation que pour la nouvelle construction, les matériaux sont choisis sans composés volatiles organiques (COV) et de manière à ne pas impacter la santé des ouvriers chargés de réaliser les travaux et des habitants.
      L’installation d’un système de ventilation à double flux permet d’assurer une bonne qualité de l’air intérieur pour les occupants.
      Les modes de déplacements doux sont privilégiés sur le site, ce qui réduit la pollution locale et favorise la pratique d’exercices physiques pour les habitants.
      Le développement d’un jardin partagé a pour objectif d’inciter les habitants à cultiver leurs propres fruits et légumes et améliorer la qualité de leur alimentation.
      La nouvelle norme acoustique a été appliquée tant dans les rénovations que pour la construction du nouvel immeuble, ce qui augmente le confort d’occupation.
      L’éclairage naturel a été privilégié lors de la conception des nouveaux logements.
      • RESPONSABILITE SOCIALE ET ETHIQUE
      Les travaux envisagés relèvent d’une responsabilité sociale d’assurer un logement décent pour tous, ce qui est un droit élémentaire inscrit dans la Constitution.
      Les travaux de démantèlement avant transformations ont été réalisés par une entreprise d’économie sociale, ce qui a permis d’assurer du travail pendant plus d’un mois à cette catégorie de travailleurs. Des clauses sociales ont été prévues dans les marchés publics de travaux afin de favoriser l’emploi local. C’est ainsi que l’entreprise, qui a réalisé les travaux de démolition et dont le siège est situé à Gand, a engagé 5 ouvriers de la région pour réaliser ce chantier et a prolongé leur contrat pour d’autres chantiers obtenus entre-temps dans la région.
      • PARTICIPATION CITOYENNE
      Le programme de réhabilitation intègre les besoins exprimés par les locataires dans le cadre de la concertation avec le Comité consultatif des locataires. Il est le fruit de divers contacts avec la SWL et le cabinet du Ministre wallon du logement pour obtenir les financements nécessaires à son développement.
      Lors de l’élaboration du projet, l’équipe chargée de l’étude s’est souvent rendue sur site, a rencontré les locataires, ce qui a permis de recueillir leurs souhaits et doléances, en amont du projet afin de les intégrer aux différentes phases de leur développement.
      L’auteur de projet, le maître de l’ouvrage ainsi que les locataires intéressés ont participé à des réunions d’informations et d’échanges organisées par la Ville de Charleroi dans le cadre du réseau des jardins partagés « Jacquady » afin d’initier le projet de jardin.
      Dans le cadre de l’aménagement des abords, une concertation a été organisée avec les impétrants, l’Intercommunale de gestion des déchets (l’ICDI), le service trafic de la police de Charleroi et les représentants de la ville en vue de la rétrocession des voiries à la ville de Charleroi. Suite aux contacts pris avec l’ICDI et sur base des dispositifs prévus sur le site, des éco- conseillers spécialisés seront chargés d’informer les habitants du quartier sur les pratiques visant à limiter la production des déchets.
      • APPROCHE PEDAGOGIQUE
      A l’initiative de l’équipe auteur de projet, les élèves de l’école du quartier ont été chargés, d’une part d’attribuer un nom à chaque immeuble. D’autre part, des ateliers de création ont été organisés afin d’impliquer les adolescents et les jeunes du quartier dans le dessin d’une fresque qui a été réalisée par l’artiste Léopoldine Roux sur un pignon aveugle d’un des bâtiments rénovés.

      Aspect économique
      • DEVELOPPEMENT LOCAL
      La création d’une placette au droit de l’immeuble démoli et d’un espace couvert sous le bâtiment passif sont de nature à encourager l’organisation d’activités d’échanges.
      Les sous-sols des immeubles réhabilités pourront également accueillir des ateliers de petites réparations à l’image des « ressourceries », activités pouvant être organisées par les habitants. Cependant, le projet étant inscrit dans un tissu urbain très diversifié (présence d’écoles, de commerces, etc à proximité), l’implantation de fonctions commerciales supplémentaires n’était pas justifiée.
      • APPROCHE EN COUT GLOBAL ET VIABILITE ECONOMIQUE
      Le remplacement des 12 logements sociaux (démolition du n°123) par des logements moyens (nouvel immeuble passif) et la construction de 12 logements moyens complémentaires (dents creuses) permettent à La Sambrienne de disposer de revenus locatifs plus élevés, calculés sur base du coût de construction et non pas sur base des revenus des ménages, comme appliqué pour les logements sociaux (loyer mensuel de +/- 205 €). Le caractère très basse énergie des bâtiments rénovés et passif du nouveau bâtiment a un impact favorable sur le budget des habitants par l’importante réduction des charges de chauffage.
      D’une façon générale, les installations collectives ou individuelles ont été conçues de manière à limiter les coûts, l’entretien et la maintenance. Ces derniers ont d’ailleurs fait l’objet d’un poste spécifique dans l’offre des entreprises relative à la construction du nouveau bâtiment passif, la prise en compte de cet aspect est donc intervenue dans le choix de l’entreprise. Par sa conception ultra-compacte et la réduction des espaces collectifs placés à l’extérieur sous forme de coursives, le projet du nouveau bâtiment passif génère une économie de moyens et assure la bonne maitrise des charges collectives.

      • FINANCEMENT INNOVANTS
      La réhabilitation était initialement prévue dans le cadre du Plan Exceptionnel d’Investissements de la Région wallonne (PEI) qui avait pour but d’améliorer la qualité de l’enveloppe, la sécurité et la salubrité des immeubles de logement sociaux. Compte tenu que le budget n’était pas suffisant pour réhabiliter tous les logements, le maître de l’ouvrage et la direction technique de Hainaut de la SWL ont réorienté le financement du projet afin de bénéficier de plusieurs sources différentes (PEI2008/1244, CPEI 2009/088, AC58/2010-2012, PIVERT 1 et PIVERT 2).